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Mieux prévenir les thromboses en cas d’immobilisation prolongée de la jambe

Dr Delphine Douillet, médecin urgentiste au CHU.

Une étude menée par le Dr Delphine Douillet, médecin urgentiste au CHU d’Angers, a mis en évidence la possibilité d’améliorer la prévention par anticoagulant des thromboses veineuses chez les patients dont le traumatisme de la jambe requiert une immobilisation. Cette approche permettrait de simplifier les traitements tout en renforçant leur efficacité.

Lorsqu’un patient subit un traumatisme de la jambe avec une immobilisation prolongée par un plâtre ou une attelle semi-rigide, la circulation sanguine est altérée. Et cela favorise l’apparition de thromboses veineuses, des caillots sanguins qui peuvent migrer et provoquer une embolie pulmonaire.

Optimiser le traitement

Pour prévenir ce risque, les recommandations en vigueur depuis 2009 prévoient l’administration systématique d’anticoagulants par injection : soit héparine, soit fondaparinux.

Or, cette approche pourrait être optimisée dans une logique de juste soin, selon le Dr Delphine Douillet, maître de conférence des universités et praticien hospitalier au département de Médecine d’urgence du CHU d’Angers.

« Ayant consacré ma thèse à la prévention des thromboses veineuses, j’avais l’intuition que l’on pouvait déterminer plus finement pour quels patients ce traitement est vraiment nécessaire, et optimiser celui-ci. »

Un solide travail statistique, plus de 2 200 études passées au crible

Le Dr Delphine Douillet a donc réalisé une méta-analyse en réseau, en s’appuyant sur l’expertise méthodologique de l’équipe du Pr Silvy Laporte, responsable de l’unité de Recherche clinique innovation et pharmacologie du CHU de Saint-Étienne.

Après avoir passé en revue les 2 244 études disponibles sur le sujet, 14 études concernant les patients-cibles ont été retenues, puis une analyse statistique poussée a permis de comparer les effets de différents traitements et de classer, par extrapolation, les molécules selon leur efficacité : anticoagulant oral direct, fondaparinux, héparine et aspirine. Les résultats ont mis en évidence la potentielle supériorité de l’anticoagulant oral direct en termes d’efficacité, sans sur-risque hémorragique.

Un financement d’1 million d’euros

L’étude du Dr Douillet a donné lieu à une publication dans PLOS medicine, journal généraliste de rang A, en juillet 2022.

L’hypothèse ainsi soulevée va pouvoir être corroborée dès 2023 grâce à l’obtention d’un financement national d’un million d’euros qui permettra une étude médicament de grande ampleur portée par le CHU d’Angers.

Des urgentistes français et belges mobilisés

Une trentaine de centres urgentistes français et belges pourront tester en situation réelle les bénéfices de l’anticoagulant oral direct identifié par le Dr Douillet.

« L’objectif est d’optimiser la prise en charge des patients dès leur arrivée. Il me tient à coeur d’intégrer cette dimension préventive au sein des Urgences. »

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