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Deux projets de recherche paramédicale en 2024

Mmes Angélique Campion, diététicienne, et Emmanuelle Labarre, infirmière puéricultrice en pratique avancée.

Avec 12 projets retenus pour la campagne DGOS 2022, le CHU d’Angers établit un nouveau record qui le positionne en 1ère place du Groupement Interrégional pour la Recherche Clinique et l’Innovation du Grand Ouest (GIRCI-GO), et en 2e position au niveau national pour les Programmes Hospitaliers de Recherche Infirmière et Paramédicale (PHRIP), ex-aequo avec les Hospices Civils de Lyon (HCL). Parmi eux, les projets AVCnut2 et QualiPOP, respectivement portés par Mmes Angélique Campion, diététicienne, et Emmanuelle Labarre, infirmière puéricultrice en pratique avancée.

AVCnut2 : mesurer l’impact d’un protocole de nutrition précoce sur la mortalité à un mois d’un AVC aigu

En Europe, chaque année, près de 1,1 million d’habitants subissent un accident vasculaire cérébral (AVC), qui entraîne des conséquences potentielles sur l’alimentation (troubles de déglutition, difficultés à s’alimenter seul, dégradation neurologique…). « Lorsque nous passons voir les patients hospitalisés après un AVC, témoigne Angélique Campion, diététicienne au CHU d’Angers depuis 19 ans, nous sommes frappées de voir que certains mangent extrêmement peu, juste un yaourt ou une compote. » Or plusieurs études montrent que la dénutrition est un facteur de mortalité augmentée.

Un projet écrit à plusieurs mains

Face à ce constat, l’équipe de diététiciennes du CHU d’Angers a été accompagnée par le GIRCI-GO depuis 2019, pour écrire un projet de recherche visant à déterminer si une prise en charge nutritionnelle précoce et personnalisée des patients hospitalisés pour un AVC pourrait avoir un impact sur la mortalité à 30 jours, aujourd’hui de 16% en France. Plusieurs centres du grand ouest sont impliqués dans l’écriture du projet : Nantes, Rennes, La Roche-sur-Yon, et Saint-Malo. « La prise en soins consiste à mettre en place une stratégie nutritionnelle adaptée à chaque patient, et assurer un suivi quotidien dans la semaine qui suit l’AVC. »

Une étude multicentrique de grande envergure

Le protocole est validé en 2022 par la Direction générale de l’offre de soins, qui attribue une enveloppe de 880 000 € pour couvrir les temps passés. Une équipe de sept personnes, pilotée par Angélique Campion, est chargée de la méthodologie, de la formation des centres impliqués et du suivi opérationnel de l’étude, jusqu’à la publication des résultats. « L’étude prévoit le recrutement de 3300 patients pour parvenir à des résultats représentatifs. Une vingtaine d’établissements hospitaliers se sont déclarés volontaires, sur l’ensemble du territoire national. Les inclusions démarreront à la rentrée 2024 et se dérouleront sur 16 mois ».

« Montrer qu’un suivi nutritionnel optimisé améliore la récupération. »

QualiPop : comprendre les causes d’abandon de parcours thérapeutique en obésité pédiatrique

Depuis 2015, le CHU d’Angers propose aux enfants de 7 à 16 ans en situation d’obésité un parcours d’éducation thérapeutique pour les aider à mieux appréhender et agir sur leur poids. Baptisé MyPop (Mon Parcours Obésité Pédiatrique), ce programme comprend des entretiens cliniques, des ateliers thématiques en groupes de 6 à 8 patients (pratique sportive, estime de soi, alimentation, écrans, etc.), ainsi que des rendez-vous infirmier ou diététiques optionnels. Soit une douzaine de rencontres sur deux ans. Malgré son utilité, près de la moitié des enfants ne vont pas au bout.

De l’analyse statistique…

Chargée de coordination MyPop à partir de 2017, Emmanuelle Labarre a consacré son mémoire de master d’IPA à ce sujet, menant une analyse statistique sur 70 patients ainsi qu’une revue de littérature. « J’ai découvert que cette proportion de 50 % d’abandons était récurrente et observée partout, même à l’international. » En 2019, sous son impulsion, l’équipe initie plusieurs changements : entretien avec une psychologue, nouveaux ateliers, intervenant unique pour le bilan préalable et le suivi du patient…  « Un an plus tard, le taux d’abandon avait baissé mais nous étions toujours confrontés à 20 % d’arrêts, sans comprendre pourquoi. »

…à l’étude qualitative

Emmanuelle Labarre dépose donc une demande de programme de recherche qualitative infirmière et paramédicale en 2020. Après divers ajustements de la méthodologie, le projet QualiPop est validé par la DGOS et reçoit un financement de 190 000 €. L’étude implique quatre centres : le CHU d’Angers, le CHU de Marseille La Timone, l’Hôpital Necker-Enfants malades et le réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (RéPPop) de Bourgogne Franche-Comté, à Besançon.  « L’objectif est de mener 8 focus filmés avec des groupes de 6 à 8 enfants ou de parents, pour comprendre le phénomène d’abandon de parcours et ajuster nos pratiques professionnelles. » Le protocole est finalisé, les premiers focus groupe seront lancés courant 2024.

« Entendre les facteurs de démotivation des jeunes pour y remédier »

 

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