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MATERNITÉ : DU NOUVEAU POUR TOUJOURS MIEUX ACCOMPAGNER PARENTS ET ENFANTS
La venue au CHU, en octobre dernier, du prix Nobel de la paix Denis Mukwege, gynécologue congolais formé à Angers, a été l’occasion de présenter les nouveaux services développés par la maternité du CHU pour accompagner au mieux les femmes, les co-parents et leurs nouveau-nés. Santé mentale, lien mère-enfant, santé environnementale, parcours simplifié… Autant d’actions qui s’inscrivent dans une double démarche : les « 1000 premiers jours » et la future labellisation Hôpital Ami des bébés.
IHAB et 1000 premiers jours : deux engagements d’envergure
Depuis janvier 2023, le CHU d’Angers est engagé dans la démarche IHAB (Initiative Hôpital Ami des bébés) avec l’ambition d’une labellisation d’ici 5 ans. Portée par l’OMS et l’Unicef, cette démarche vise à « améliorer l’accueil du nouveau-né en centrant les soins sur les rythmes et les besoins de celui-ci et de ses parents. » Elle propose un « accompagnement bienveillant » des parents pendant la grossesse et après l’accouchement, afin de « favoriser l’attachement parents/enfant et l’autonomie des parents ». Enfin, elle comporte un volet d’information sur les bienfaits de l’allaitement maternel, en cohérence avec les recommandations de santé publique, afin que chaque mère puisse « faire un choix éclairé sur l’alimentation de son nouveau-né sans influence commerciale ».
L’obtention de ce label international repose sur une formation poussée des équipes médicales et paramédicales pour harmoniser les connaissances et repenser les pratiques. Ainsi 350 professionnels de santé de la maternité et du service de réanimation et médecine néonatales du CHU bénéficient d’une formation spécifique.
Quant à la démarche des « 1000 premiers jours de l’enfant », engagée dès 2020 par l’État, elle promeut une politique publique conçue autour des besoins des enfants et de leurs parents, considérant que l’environnement de l’enfant durant cette période – du début de la grossesse jusqu’aux deux ans – conditionne son développement neurocognitif et psycho-affectif. Cela concerne aussi bien le contexte de vie de l’enfant, son domicile, son alimentation, etc., que ses interactions avec son entourage. Les prises en charge et les accompagnements proposés par le CHU vont dans ce sens.
https://maternite-chu-angers.fr/
Des dispositifs nombreux et complémentaires
Outre ses programmes de préparation à la naissance, à partir du 7e mois de grossesse, le CHU propose désormais une visite virtuelle de la maternité sur son nouveau portail internet, ouvert en octobre dernier. L’inscription à la maternité et la prise en charge de la patiente sont aussi facilitées grâce au recrutement d’une secrétaire affectée à la programmation de l’ensemble des rendez-vous en anténatal.
Une attention particulière est accordée à la santé mentale de la femme enceinte et du co-parent, durant cette période de grande vulnérabilité psychologique. « La période du péri-partum est particulière avec des fragilités spécifiques et bien identifiées, explique le Dr Philippe Gillard, gynécologue-obstétricien au CHU d’Angers. Les pathologies psychiatriques de la femme enceinte ne peuvent être prises en charge comme celles d’une patiente « classique ». »
Le Dr Élise Riquin, pédopsychiatre au CHU d’Angers, précise : « Il est capital d’identifier précocement ces fragilités, en anténatal ou en post-partum, afin de mettre en place le soutien adapté. La bonne santé mentale des personnes entourant l’enfant garantit un environnement favorable à son développement, base de son devenir à l’âge adulte. »
C’est pourquoi le CHU propose depuis cette rentrée 2023 des consultations spécifiques pour repérer les fragilités psychiques chez les patientes : entretien prénatal précoce dès le 4e mois de grossesse, et entretien post-natal entre la 4e et la 8e semaine suivant l’accouchement. Ces deux rendez-vous s’ajoutent à la consultation de dépistage et de prévention prénatale (CoDEPP) déjà existante et proposée à toutes les patientes lors de leur première échographie.
En cas de besoins identifiés, les patientes peuvent être orientées vers l’équipe transversale d’accompagnement en psychologie périnatale (ETAPP). Créée fin 2022 par le CHU et le Cesame (centre de santé mentale angevin), cette équipe d’une douzaine de professionnels (sage-femmes, pédopsychiatres, psychologue, infirmières, puéricultrice, psychomotricienne, etc.) propose des parcours de soins pluridisciplinaires et coordonnés, centrés sur la relation parents-bébé.
Enfin, la santé environnementale est également prise en compte. Chaque mois, la maternité du CHU propose des ateliers Nesting® à destination des femmes enceintes et des jeunes (ou futurs) parents. Ils y sont informés sur les risques liés à la pollution intérieure : repérer les polluants présents dans le logement, comprendre leur impact sur la santé, limiter l’exposition des enfants.
Le bâtiment de gynécologie-obstétrique est devenu « bâtiment Denis-Mukwege – santé de la femme ».
Prix Nobel de la paix, le gynécologue-obstétricien congolais Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes », a été formé au CHU d’Angers. Son attachement à l’établissement et à la ville ne s’est jamais démenti. Il se concrétise par une coopération continue depuis 2015, notamment à travers l’accueil de nombreux stagiaires venus se former dans le service de gynécologie-obstétrique, un appui managérial et organisationnel des professionnels du CHU d’Angers auprès de l’hôpital de Panzi, ou encore un volet enseignement et recherche signé entre l’université d’Angers et l’université évangélique en Afrique.
Pour rendre hommage à cette amitié et aux combats menés par Denis Mukwege,
le bâtiment de gynécologie-obstétrique a été baptisé de son nom en sa présence, le 6 octobre dernier.
3 questions à Vincent Brossard, sage-femme, chargé de mission IHAB et santé environnementale
Que change la démarche IHAB pour les équipes et les patientes ?
« En termes d’organisation, nous sommes beaucoup plus souples sur les horaires des soins afin de respecter le rythme physiologique de l’enfant. Nous accordons du temps à la rencontre entre la maman et le bébé, grâce aux contacts peau à peau par exemple. Et nous projetons d’appuyer nos informations en anténatal auprès des futurs parents, notamment sur l’allaitement et les alternatives à l’analgésie péridurale, afin de les rendre acteurs de leur santé et de celle de leur bébé. »
En quoi consistent les ateliers Nesting® sur la santé environnementale ?
« Ce sont des temps d’information interactifs, animés par l’un des cinq professionnels du CHU formés : une puéricultrice, un conseiller médical en environnement intérieur (il n’en existe que 79 en France) et trois sage-femmes. En deux heures d’exercices pratiques et d’échanges en petits groupes, nous les informons sur les risques liés à la qualité de l’air, aux produits cosmétiques, aux produits d’entretien, à l’alimentation, aux objets de puériculture, aux travaux et aux équipements dans l’habitat… »
Quel accueil cette démarche rencontre-t-elle ?
« Nous avons des retours très satisfaisants, les jeunes parents se montrent intéressés et concernés. L’idée est que le CHU, par son rôle de promoteur de santé publique, incite les parents à rapporter chez eux les gestes du quotidien et à s’engager dans une dynamique de vie saine, pour leur bébé comme pour eux-mêmes. Nous avons assuré un atelier par mois depuis début 2022, et nous souhaitons monter en fréquence et proposer des horaires variés pour faciliter la venue des couples. »