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Environnement : fin du protoxyde d’azote au CHU d’Angers

Ici, Suzanne Bouillaud, infirmière anesthésiste (IADE) au bloc opératoire.

Parmi les mesures visant à réduire l’impact carbone de ses activités, le CHU d’Angers a décidé de cesser d’utiliser le protoxyde d’azote, gaz anesthésique fortement polluant. Explications par le Pr Sigismond Lasocki, chef du pôle hospitalo-universitaire ASUR (1).

Le protoxyde d’azote, communément connu sous le nom de « gaz hilarant », est un gaz utilisé de façon historique et courante en anesthésie, depuis le 19e siècle.

Un double intérêt

D’un point de vue médical, ce gaz présente un double intérêt :

  • il permet de réduire les doses des autres gaz anesthésiants halogénés, principalement desflurane et sévoflurane, qui coûtent plus cher et ont des effets secondaires plus importants.
  • Grâce à ses propriétés analgésiques, il permet de limiter la quantité de morphiniques utilisée et il atténue les phénomènes d’hyperalgésie post-opératoire (augmentation paradoxale de la perception de la douleur).

En revanche, il présente l’inconvénient d’être un puissant destructeur de la couche d’ozone.

Il participe donc au réchauffement climatique et représente une part importante de l’empreinte carbone des blocs opératoires.

L’évolution des équipements et des pratiques

C’est pourquoi, depuis 2018, le CHU d’Angers réalise d’importants efforts pour en minimiser l’usage. L’évolution des équipements, notamment, a contribué à réduire drastiquement les doses utilisées :

  • les gaz anesthésiants sont administrés en circuit fermé : lorsque le patient expire, la machine récupère les molécules non utilisées et les réinjecte dans l’inhalateur.
  • Certains systèmes mesurent en continu la concentration d’anesthésiant dans les gaz expirés du patient et adaptent automatiquement le débit.
  • Les gaz sont récupérés par un système de prise à dépression (SEGA) afin qu’ils ne s’échappent pas dans la salle.

Par ailleurs, la pose systématique d’une perfusion en chirurgie permet de privilégier l’emploi d’anesthésiants sous forme intraveineuse. Enfin, de nombreuses solutions alternatives ont été développées pour lutter contre l’hyperalgésie secondaire, sans avoir recours au protoxyde d’azote : médicaments comme la kétamine, anesthésie locorégionale sous échographie.

Une consommation divisée par cinq en cinq ans

Ainsi, grâce aux efforts des équipes d’anesthésie, la consommation du protoxyde d’azote au CHU d’Angers a été réduite de 80 % entre 2018 et 2022, passant de 5 millions de litres (2 500 tonnes équivalent CO2) à 1 million de litres (moins de 500 tonnes équivalent CO2). Et ce, malgré un nombre total d’anesthésies stable, autour de 20 000 par an.

L’arrêt définitif programmé

Devant ces résultats favorables, la commission des fluides médicaux a décidé, à la demande du service d’anesthésie, de supprimer totalement l’utilisation du protoxyde d’azote au sein de l’établissement à partir de janvier 2023.

Les prises de distribution, susceptibles d’occasionner des fuites, seront prochainement condamnées puis retirées de tous les services. Seules les unités de soins d’urgence et de pédiatrie pourront maintenir un usage ponctuel du gaz en bouteille, pour une sédation légère du patient avant les interventions.

Des discussions sont cependant en cours pour trouver là aussi d’éventuelles solutions alternatives et d’autres mesures sont en cours dans le cadre du projet « Green Bloc ».

Avec cet arrêt du protoxyde d’azote, le CHU poursuit sa démarche globale de maîtrise et de diminution de son impact carbone, sans dégrader la qualité des soins.

(1)   Anesthésie SAMU Urgences Réanimation

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