#107

Gestion des toxicités des immunothérapies

Une réunion mensuelle permet d'évoquer les dossiers cliniques de patients.

Depuis plus de 10 ans maintenant, les inhibiteurs de points de contrôle ou immunothérapie ont révolutionné la prise en charge des patients atteints de cancers. Initialement dans le mélanome puis dans le cancer bronchique, ces thérapeutiques sont désormais largement utilisées dans plusieurs autres types histologiques et permettent des résultats positifs jamais vus auparavant. Néanmoins, ils provoquent des effets secondaires. Un accompagnement au diagnostic et à la prise en charge de ces effets est proposé par le CHU aux médecins prescripteurs et bientôt aux généralistes.

Les traitements innovants en recherche clinique et les combinaisons entre médicaments anti-cancéreux amènent à repenser la gestion des toxicités médicamenteuses.

La désormais large utilisation de l’immunothérapie a amené les équipes du CHU à appréhender son profil de toxicité particulier. En effet, une fois stimulé, le système immunitaire peut de nouveau être efficace contre les cellules cancéreuses, mais peut parfois être à l’origine d’effets secondaires très polymorphes, de fréquence et de gravité variables.

Sensibiliser le patient, son entourage et les professionnels de santé

Les effets secondaires sont dits immuno-médiés, secondaires à la stimulation du système immunitaire induite par le médicament. Les effets secondaires fréquents sont peu graves, mais peuvent altérer la qualité de vie. Les toxicités potentiellement graves sont rares, mais doivent être connues. Il est donc nécessaire de sensibiliser le patient, son entourage et les professionnels le prenant en charge.

Aide dans le diagnostic et la prise en charge des effets secondaires

Ces effets secondaires font l’objet d’un recueil dans le cadre d’une réunion mensuelle de toxicités des immunothérapies au CHU d’Angers. Celle-ci est composée d’une quinzaine d’experts référents par organe concerné. Pour chacun des patients, l’équipe hospitalière répond aux questions (reprise thérapeutique après toxicité ? Contre-indications relatives ou absolues à un traitement par immunothérapie ?) et un recueil est établi à l’aide du Centre régional de pharmacovigilance du CHU.

Les experts par organe sont à disposition des professionnels de santé qui souhaitent une aide dans le diagnostic ou la prise en charge d’un effet secondaire immuno-induit.

Ces réunions, ouvertes à tous, se déroulent une fois par mois en 2 parties. La première consiste en une présentation didactique sur une toxicité d’organe par le médecin expert référent. La deuxième permet une discussion de dossiers cliniques de patients présentant une toxicité immuno-induite.

Des toxicités avec un degré de gravité variable

Les toxicités peu sévères les plus fréquemment rencontrées sont :

  • l’asthénie,
  • les éruptions cutanées
  • et les dysthyroïdies.

Elles concernent 10 à 40 % des patients.

Les toxicités beaucoup plus rares, mais potentiellement graves sont cardiaques, neurologiques, pulmonaires ou digestives, leur fréquence est inférieure à 5%.

Le délai de survenue est variable de quelques jours à plusieurs mois, certaines apparaissant parfois même après l’arrêt du traitement.

La gestion de ces effets secondaires varie selon leurs sévérités allant d’une surveillance simple à l’arrêt définitif du traitement associé à une corticothérapie et parfois à un traitement immunosuppresseur spécifique.

Les immunothérapies anticancéreuses font donc désormais partie intégrante de l’arsenal thérapeutique avec des résultats très positifs dans certains types de cancers, mais avec un profil de toxicité particulier et parfois potentiellement grave nécessitant une sensibilisation de tous les professionnels prenant en charge des patients sous de tels traitements.

La réunion d’experts du CHU d’Angers à un rôle d’enseignement, mais permet aussi un recours à tous professionnels souhaitant un avis relatif à une toxicité spécifique.

PARTAGER

|

|