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Sclérose Tubéreuse de Bourneville : le CHU à l’origine d’un traitement
Une patiente STB s'apprête à recevoir le traitement mis au point par le CHU.
La Sclérose Tubéreuse de Bourneville (STB) est une maladie génétique entraînant des troubles neuropsychiatriques comme l’épilepsie. Elle s’accompagne, dès l’enfance, de petites tumeurs bénignes (angiofibromes) sur le visage, rouges et inesthétiques. Le CHU a mis au point une crème pour les faire disparaître.
En 2015, le Pr Ludovic Martin, dermatologue au CHU, a demandé à la pharmacie de l’établissement de réfléchir à un traitement local des angiofibromes, jusqu’alors peu ou mal soignés, provoqués par la STB. Sous l’impulsion du Pr Frédéric Lagarce, alors doyen de la faculté de pharmacie, et du Dr Sandy Vrignaud, pharmacienne hospitalière pilote du projet, Guillaume Bouguéon, interne de pharmacie, a consacré sa thèse à la mise au point d’une crème à base de sirolimus. Ceci a abouti à la publication de la formule en 2016 dans la revue International Journal of Pharmaceutics. Son efficacité a été testée auprès d’une cohorte de patients avec l’aide du Dr Denis Farges, médecin généraliste et spécialiste de la STB au CHU.
« Notre préparation est cosmétiquement agréable, bien plus efficace et mieux tolérée que les traitements antérieurs, mais aussi considérablement moins onéreuse », précise le Pr Martin.
« La crème d’Angers » réclamée par des patients de toute la France
« La publication de la formule permet à d’autres établissements de réaliser cette préparation hospitalière. L’information s’est rapidement répandue et les demandes de patients de toute la France voulant obtenir « la crème d’Angers » se sont multipliées. »
Point d’orgue de cette « belle histoire », l’Assurance maladie a annoncé en janvier 2023 le remboursement de cette préparation angevine, répondant ainsi à la demande des associations de patients. Parallèlement, le CHU d’Angers va être labellisé centre de référence pour les épilepsies rares, incluant la STB. « C’est une reconnaissance de notre expertise en épileptologie. Cela s’ajoute aux 9 centres de référence sur les maladies rares déjà présents au CHU, et confirme ainsi sa dynamique. »
La préparation est réalisée au sein de la pharmacie du CHU.
C’est une année de préparation qui a été nécessaire à l’équipe de la pharmacie du CHU d’Angers pour obtenir la crème tant demandée par les patients souffrant de STB, en France.
« Le Pr Ludovic Martin avait identifié le Sirolimus comme efficace mais sa forme n’était pas adaptée. Il fallait une formulation et une préparation topique pour l’appliquer sur la peau. L’expertise des pharmaciens hospitaliers a permis de le rendre disponible pour faciliter sa pénétration dans la peau, précise le Dr Sandy Vrignaud, pharmacienne en charge des activités de production à la pharmacie du CHU. Un excipient – rendant le sirolimus soluble – lui permet de mieux traverser la peau. »
L’autre défi à relever a été celui de l’étude de la stabilité de la crème dans le temps. Des études physico-chimiques sont alors réalisées pour obtenir une stabilité d’au moins trois mois. « Le tube de crème est stocké à des températures variables sur des temps donnés. Est alors observée la dégradation du sirolimus ; mais aussi l’odeur et la couleur de la crème. Des études microbiologiques complètent le tout afin de s’assurer de l’absence de développement de certains germes. »
C’est au départ une cohorte de 20 patients qui a pu bénéficier de cette crème. Et le bouche-à-oreille faisant, les demandes se sont multipliées. Une dizaine de conventions de sous-traitance sont alors passés avec d’autres établissements et le CHU d’Angers devient fournisseur de cette crème dans l’Hexagone et jusqu’en Martinique et à la Réunion.
Six préparateurs en pharmacie au CHU ont été formés. « Ils sont qualifiés pour réaliser cette crème. La préparation n’est pas simple, le sirolimus est toxique en poudre, il est manipulé dans un isolateur ce qui permet la protection du personnel . Tous les établissements ne peuvent donc pas produire cette crème. »
Mais face à la demande croissante, le CHU d’Angers ne peut suivre la cadence. la formule ayant fait l’objet d’une publication par le CHU d’Angers, d’autres centres hospitalo-universitaires se lancent alors dans la fabrication. L’équipe angevine reste en support pour accompagner les autres établissements. Seize hôpitaux, majoritairement des CHU, produisent aujourd’hui la crème d’Angers.